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  • Pas vraiment une page de détente. Plutôt des réflections. Des points de vue. Des idées et des remarques. Ce qui nous entoure, ce qui nous constitue, ce qui nous fait réfléchir. Ou pas. Un aperçu non-exhaustif.
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25 novembre 2007

Chapitre VI

VI.

Le matin. Ou bien l'après-midi, je ne suis pas sûr. Les yeux encore collés par le sommeil, je me frotte la nuque, et me relève. Assis sur le futon, je retrouve mes marques. En grommelant, je cherche mon tee-shirt. Introuvable. J'aurais dû ranger mes affaires hier soir. Le soleil filtre à travers les stores vénitiens. J'enfile un caleçon et me lève, la tête alourdie. Un café, une clope. Puis une douche. Et une autre clope. Soudain, je me rappelle. Je dois faire vite, c'est la règle. Je retourne dans la chambre, et à pas feutrés, récupère son sac à main. Elle dort encore, tant mieux. Je retourne au salon, et entreprend ma recherche. Une enveloppe, isolée dans une poche intérieure. Pas scellée, j'ai de la chance. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire... Je déplie les documents. Trois feuillets, et une photographie. Je les prend avec mon appareil photo numérique, replie le tout en vitesse et remet le sac à sa place. J'en profite qu'elle dorme encore pour jouer la sécurité. Je branche mon appareil sur mon ordinateur portable, importe les clichés, les compresse dans une archive et les transfère sur ma clé USB avant de les enfouir au fond de la mémoire du PC, bloqués par un mot de passe. Je planque ensuite la clé dans le petit tiroir situé derrière l'horloge miniature qui se trouve au coin du bar. Je vide la mémoire de l'appareil et retourne m'habiller. Je fais volontairement un peu de bruit pour qu'elle se réveille. Elle croit que je viens de me lever, la cuite d'hier soir a alourdi son sommeil. Elle se lève, s'enroule de la couverture et demande d'une voix brouillée :

« Je peux me faire un café ? »

J'acquiesce sans mot, commençant à ranger la chambre et le tas d'habits qui traînent. Du coin de l'oeil, je la surveille. Elle ne semble pas se méfier. Sûrement croit-elle ne plus être dans la partie... Malheureusement, c'est la pire erreur qu'on puisse faire. Relâcher sa vigilance. Mais c'est en se trompant qu'on apprend. Même si j'ai pitié pour elle. Réveillée complètement, elle s'allume une cigarette et s'habille sans pudeur devant moi. Elle regarde son portable. 13 h 28. Elle m'embrasse et me dit qu'elle doit aller se préparer. Un gala à organiser avec ses collègues. Elle me rappelera. Je feins une mine réjouie bien que fatiguée. Je feins d'être un imbécile naïf. Ses affaires ramassées, elle quitte l'appartement. Depuis la fenêtre, je la regarde monter dans sa voiture flamboyante et s'éloigner. J'étudierai les documents plus tard. Je me rappelle que mon portable n'avait plus de batterie. Je le branche et vérifie mes messages. Adam : « Dès que tu reçois ce message, pointe-toi ! » Je décroche le fixe et compose son numéro :

« Sors l'apéro mon grand, j'arrive. »

Dix minutes plus tard, je frappe à sa porte.

« Entre, me dit-il, surexcité, il s'est passé un truc de malade ! »

Je pénètre dans son appartement. Tout est bien rangé, à sa place. Pas normal.

« Le truc de malade, c'est que t'aies rangé ton appart' ! Qu'est-ce qui s'est passé, t'es marié ?

- Parle pas de malheur, fait-il en esquissant un geste de croix, faussement paniqué.

- Bon allez, raconte ! Je te signale que j'ai même pas bouffé, je suis venu direct, alors me fais pas lambiner !

- Installe-toi, je t'apporte les provisions !

Il remplit la table de biscuits, cacahuètes et autres amuse-gueules, pose deux verres et ouvre la porte du placard collé au sofa qui contient toutes les bouteilles d'alcool.

- Fais-comme chez toi. Et assieds-toi bien au fond du canapé !

- Merde, tu vas accoucher à la fin ?

Il ménage son suspense. Je choisis un bourbon et lui donne toute l'attention qu'il attend.

- Tu te rappelles... ça ? questionne-t-il en glissant un cliché sur la table basse.

J'attrape la photographie en noir et blanc. Lise Dhuin. Je la reconnaît aussitôt, malgré le fait que toute la peau de son visage ait été retirée, pelée comme on enlève la peau d'un fruit, découvrant la fine couche de muscle tapissant les os. Comme si on lui avait retiré un masque.

- Ouais, Dhuin. Et alors ? Ca remonte a des années ce truc, c'est quoi ton machin extraordinaire là ? Y'a un rapport ?

- Un peu ! Dis-moi, combien de meurtres ont été commis depuis, selon le même schéma ? Tu sais, le « masque facial » ?

- Aucun dont on ait eu vent en tout cas.

- Et bien maintenant, c'est faux ! dit-il en me glissant un autre cliché, un polaroïd récent cette fois.

- Bordel de merde... »

Trois. Il y en a trois. Des jeunes femmes aux nerfs et aux muscles palpitant à l'air libre. Des visages dépourvus de peau. Mais cette fois, on a également prélevé les yeux.

J'avale mon whisky d'un seul trait. Je me frotte le visage. Je compare les deux photographies. Ce sont les mêmes prélèvements. Le premier est sauvage, effectué sûrement avec quelque chose du genre grosse lame de cutter, la coupure est nettement irrégulière, elle décrit des ondulations. Autour des yeux et de la bouche, c'est encore plus dégueulasse. Ca a été arraché, les lèvres sont pelées et il reste des lambeaux dans les cavités orbitales. Pareil autour des narines. Les trois autres victimes ont subi un découpage plus soigné. Scalpel chirurgical, sûrement. Les prélèvements sont bien délimités même autour des orifices. Plus précis, plus propre. Et les yeux sont absents. Je remarque pourtant que, comme la première fois, le sang n'a pas été totalement épongé ni les plaies cautérisées jusqu'au bout.

Comme si la minutie du début, à grand renfort de compresses et de flamme bleue, avait laissé place à la précipitation, de plus en plus importante.

Ou plutôt... à l'excitation. Fébrile et incontrôlée

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Commentaires
M
C'est en cours d'écriture ^^ Les idées sont plus ou moins en place, j'ai la trame du scénar jusqu'à la fin (mais je laisse une grande place à l'improvisation dans l'écriture, histoire de gagner en spontanéité, et que je découvre moi-même un peu l'histoire en même temps que tout le monde :D).<br /> En tout cas merci, c'est cool que ça te plaise ^^ Ca va bientôt partir très loin, j'espère que ça sera toujours aussi agréable ou du moins "light" à lire, car l'idée est poussée...<br /> A suivre donc ^^ Merci à toi !
A
Je viens de finir de lire les 6 chapitres et ça démarre bien tout ça! c'est terminé ou c'est en cours d'écriture?
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